Installation des placettes de flore et d’oiseaux

Nous sommes actuellement en phase d'installation des placettes de flore et d'oiseaux dans les forêts de propriétaires qui ont eu la gentillesse d'accepter de participer au projet. A ce jour, nous avons installé 65 placettes. Il ne nous reste que 35 placettes à installer avant d'atteindre notre objectif de 100 placettes. Les placettes sont marquées par un piquet central en bois. Trois arbres autour du piquet ont reçu un point de peinture bleu.

Le premier passage pour les relevés d'oiseaux va commencer d'ici quinze jours et le deuxième passage est prévu pour fin mai et début juin.

Les relevés de flore se dérouleront de fin juin à début juillet.

Paysage sonore et écologie, la symphonie du (nouveau) monde.

« […] Le jour crie au jour la louange, la nuit l’apprend à la nuit.

Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles, dont la voix ne soit entendue.

Leur son parcourt la terre, leurs accents vont jusqu’aux extrémités du monde. C’est là qu’il a dressé une tente pour le soleil.

Et lui, semblable à l’époux qui sort de sa chambre nuptiale, s’élance joyeux, comme un héros, pour fournir sa carrière […] »

Livre des Psaumes – Psaume 19

 

Lecture de l’article: Soundscape Ecology: The Science of Sound in the Landscape.

Pijanowski BC, Villanueva-Rivera LJ, Dumyahn SL, Farina A, Krause BL, Napoletano BM, Gage SH, Pieretti N. 2011. Landscape Ecology 22: pp 959–972

 

La notion de ‘soundscape écology’ ou ‘écologie du paysage sonore’ a été théorisée par Brian Pijanowski et son équipe pour proposer un cadre conceptuel à l’étude de l’agencement des sons au sein des écosystèmes.

Pour mémoire, rappelons que l’écologie du paysage ‘classique’ a pour objet l’étude de l’agencement spatial et temporel des différents compartiments écologiques (différents « milieux ») au sein des écosystèmes et comment ces compartiments interagissent. De façon analogue, l’écologie des paysages sonores se propose d’identifier les entités sonores associées aux lieux et les interrelations spatiales et temporelles entre ces entités sonores. Ces deux disciplines, de façon plus ou moins implicite, trouvent leur ancrage dans un questionnement concernant les impacts des activités humaines sur le bon fonctionnement des écosystèmes. La question étant "comment gérer les territoires, agencer les éléments paysagers dans l’espace et dans le temps, organiser les activités humaines afin d’assurer un fonctionnement au mieux des écosystèmes naturels ?"

Le paysage sonore est conçu comme la résultante de facteurs climatiques et paysagers, qui affectent la diversité spécifique animale en un lieu donné et la donc la diversité des émissions sonores d’origine biologique. Les éléments naturels d’origine non-biologique comme les sons produits par le vent, la puie, ou l’eau par exemple contribuent également à façonner le paysage sonore (de façon analogue  la beauté visuelle d’un paysage enneigé est largement appréciée par le grand public). Mais le paysage sonore est aussi modelé par l’homme qui émet des bruits typiquement humains, de la même façon que les paysages visuels sont souvent la résultante de composantes humaines et naturelles.

Les auteurs postulent que les ‘niches sonores’ occupées par les espèces animales jouent un rôle majeur dans l’agencement des différentes espèces au sein des différents compartiments écologiques, et permettent aux espèces de coexister en synergie au sein des écosystèmes. Chaque espèce possède ainsi son répertoire sonore spécifique, qu’elle émet dans des conditions particulières et avec une rythmicité qui lui est propre. Ces émissions sonores animales sont fondamentales pour la survie de nombreuses espèces puisqu’elles permettent aux individus de s’accoupler, aux mères de retrouver leurs petits ou simplement d’avertir d’un danger. Mais qu’advient-il si les niches sonores précédemment occupées par les espèces deviennent indisponibles suite à une occupation de l’espace sonore par des sons humains d’intensité disproportionnée ? Ou si un dérèglement du paysage sonore intervient suite à la modification de la rythmicité de l’agencement des sons au sein de ce paysage ? En retour les auteurs insistent sur le fait que les aspects esthétiques des paysages sonores et leur valeur affective ont été peu étudiés. Or ils revêtent probablement une grande importance dans le bien-être et la santé mentale des êtres humains.

 

 

Marie Baltzinger

  Les lecteurs intéressés peuvent consulter l’article original en suivant ce lien :

http://research.coquipr.com/pdf/Pijanowski.etal.2011.pdf

 

et également en français :

 

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/30/l-orchestre-de-la-nature-se-tait-peu-a-peu_3150765_3244.html

 

 

Biodiversité et valeur paysagère : quel liens entre la diversité spécifique et la valeur esthétique des paysages ?

Lecture de l’article: The shared landscape: what does aesthetics have to do with ecology? Gobster PH,  Nassauer JI et Daniel TC. 2007.  Landscape Ecology 22: pp 959–972

Le concept de « paysage » recouvre une variété de notions différentes et parfois antagonistes. Pour le sens commun, le mot « paysage » renvoie à la valeur esthétique d’un lieu, et à la notion de plaisir procurée par la contemplation de ce lieu. Pour les écologues, le terme « paysage » renvoie à une certaine échelle d’analyse, intermédiaire entre le très local et le global.

Si pour le sens commun l’échelle du paysage est implicitement définie comme l’échelle perceptible « d’un seul coup d’œil », pour les écologues, l’échelle « paysagère » s’insère dans une série d’échelles emboitées les unes dans les autres comme autant de poupées russes, chacune étant le siège de processus écologiques spécifiques dépendant pour partie des échelles inférieures et déterminant pour partie les échelles supérieures.

Les interrelations entre le paysage « esthétique » et le paysage « écologique » sont complexes et mouvantes. Ainsi, les êtres humains perçoivent le paysage au moyen d’organes sensoriels tels que la vue, l’ouie, l’odorat etc… qui ont des caractéristiques spécifiques et sont capables « d’apprécier » le paysage à une échelle donnée. Ces perceptions sensorielles « objectives » sont ensuite relues de façon affective comme procurant plaisir ou déplaisir, en fonction du bagage culturel, ou psycho-social des individus. En retour, les modalités de gestion des territoires sont souvent dictées par la valeur affective attribuée aux paysages. Ainsi, un paysage apprécié sera plus facilement considéré comme méritant d’être conservé, même si à l’inverse, il fera aussi plus souvent l’objet de sur fréquentation et sera plus facilement au cœur de conflits d’usages. Il sera nettement plus compliqué de lever des fonds pour assurer la conservation de paysages peu appréciés esthétiquement par le grand public. Ultimement les modalités de gestion des territoires auront des effets écologiques non seulement à l’échelle paysagère mais aussi aux échelles supérieures et parfois inférieures, en raison de ce fameux emboitement d’échelles décrit précédemment. C’est donc le fonctionnement de l’écosystème dans son ensemble qui sera affecté par les décisions de gestion prises à l’échelle paysagère, puisque chaque échelle écologique fonctionne en interrelation avec les échelles inférieures et supérieures. Le paysage esthétique résultant en dernier lieu du paysage écologique modifié par la gestion humaine représente le bouclage de cette boucle « esthético-écologique » autour du paysage.

Comme on l’a vu, la valeur esthétique des paysages dépend en premier lieu de la perception sensorielle « objective » de ces paysages par les individus, et en second lieu des filtres culturels et philosophiques qui permettent d’attribuer des valeurs affectives positives ou négatives aux paysages. « Objectives» entre guillemets car ce que nous êtres humains percevons des paysages au moyen de nos sens n’est en fait qu’une fraction limitée des processus complexes qui contribuent au sein des écosystèmes à façonner le paysage tel que nous le voyons, le sentons ou l’entendons. En dépit de ces limitations congénitales, l’expérience sensorielle est fondamentale dans la genèse des sentiments engendrés par les paysages : il est très différent d’admirer une photographie même très artistique d’un paysage et d’être soi-même sur place, faisant l’expérience sensorielle concrète de ce paysage. L’intervention de filtres culturels et philosophiques dans l’appréciation esthétique du paysage contribue également à complexifier les relations entre paysage esthétique et paysage écologique. Mais l’existence de ces filtres permet aussi au « système paysage » d’être élastique et adaptable, puisqu’on peut par l’éducation à l’environnement par exemple faire évoluer les mentalités et les aspirations du grand public, et créer ainsi des synergies entre qualité écologique et qualité esthétique des paysages.

Finalement, la correspondance entre qualité écologique et qualité esthétique du paysage ne va pas nécessairement de soi, mais il ne tient qu’aux gestionnaires et aux politiques d’imaginer des synergies entre les deux notions. On pourra imaginer des modes de gestion combinant des objectifs esthétiques et écologiques, ou bien mettre en place des programmes de sensibilisation à l’écologie et à la préservation des espèces par exemple. Les artistes, musiciens, plasticiens, philosophes pourront aussi contribuer à faire évoluer les références esthétiques du grand public et faciliter la convergence entre paysage esthétique et paysage écologique.

Marie Baltzinger

  Les lecteurs intéressés peuvent consulter l’article original en suivant ce lien :

http://www-personal.umich.edu/~nassauer/Publications/Gobster%20et%20al%202007%20Aesthetics%20and%20Ecology.pdf

Visite d’une délégation de collègues belges à Villeny 21/02/2013

Le 21 février dernier, notre équipe d'Irstea a accueilli une délégation de collègues belges du Département de l’Etude du Milieu Naturel et Agricole de Gembloux au cœur du massif du Cosson sur la commune de Villeny chez un propriétaire forestier, en présence de son gestionnaire forestier.

La délégation d’une quinzaine de membres était composée de chercheurs et gestionnaires forestiers du domaine expérimental des chasses de la Couronne.

L’objectif de cette rencontre était de présenter à nos collègues le milieu de la Sologne et ses difficultés de gestion des populations de cervidés et de leurs habitats dans un contexte de propriété privée aux objectifs variés. Nous avons présenté les résultats de recherches passées (étude Cosson) et le projet  DYSPERSE dans sa phase de démarrage. Notamment, ce propriétaire a accepté que nous réalisions nos relevés écologiques sur son domaine forestier.

Cette rencontre s’est terminée par une visite du musée à la maison du Cerf  à Villeny, où nous avons été accueillis par Me Lombardi, présidente du Groupement d'Intérêt Cynégétique du Cosson.

Nous remercions vivement les différents protagonistes pour leur accueil très chaleureux. Nos collègues belges sont ensuite repartis pour participer à une chasse au sanglier sur le domaine de Chambord.

 

 

[Compte Rendu] Réunion de lancement du programme Dysperse, 30 nov 2012, Ligny-le-Ribault

La réunion de lancement de DYSPERSE s'est tenue en soirée vendredi 30 novembre 2012 dans la salle polyvalente de Ligny-le-Ribault. Une quarantaine de personnes, dont huit personnes du projet DYSPERSE, se sont réunies pour échanger sur ce projet de recherche qui vient de démarrer. La réunion était animée par Yves Froissart, médiateur environnemental du cabinet Trans-Formation Consultants. Yves Froissart est partenaire du projet, il est notamment responsable de la tâche 5 du projet qui vise à mettre en place un processus de concertation autour de l'engrillagement en Sologne, de ses effets sur le milieu forestier et sur les services rendus à l'homme.

 

Christophe Baltzinger, le coordinateur du projet, a présenté les enjeux, les objectifs et les différentes tâches du projet. Lors de la présentation, les différents partenaires et les personnes impliquées dans le projet se sont présentées.

Notamment, Philippe Ballon, responsable de l'équipe FONA (Forêt, ONgulés et Activités humaines) à Irstea, a insisté sur le caractère stratégique du projet DYSPERSE pour l'implication des chercheurs d'Irstea en région Centre. Il a rappelé l'étude menée en Sologne de 2005 à 2007 sur l'équilibre forêt-cervidés dans le massif du Cosson, cette étude traitait de l'impact des cervidés sur le renouvellement des taillis après exploitation. Il en a profité pour souligner l'accueil très favorable manifesté par les propriétaires forestiers concernés.

 

Le calendrier général du projet:

  • Hiver 2012/2013: Démarrage du projet
  • Période de chasse 2012/2013 & 2013/2014: Prélèvements pour analyses génétiques (Tâche 2)
  • Printemps 2013: Enquêtes semi-directives (Tâche 4)
  • Printemps 2013: Installation des placettes et relevés d'oiseaux (Tâche 3)
  • Etés 2013 & 2014: Relevés de flore (Tâche 3)
  • 2014-2015: Analyses et communication des résultats (Tâche 5)

 

 

Dossier spécial « Chasser en enclos », le Saint Hubert sep/oct 2012

Un dossier spécial de la revue du Saint Hubert, numéro 103, séptembre/octobre 2012, est dédié à la chasse en enclos. Avec les articles suivants:

  • "Espace ouvert, espace fermé : des chasses complémentaires", pages 14-15.
  • "Chasser en milieu fermé ou ouvert", pages 24-28.
  • "Pour ou contre la chasse", pages 33-34.
  • "Sologne, faut-il mettre fin à l'épidémie des clôtures ?", pages 35-37.

 

« Les Français et l’espace rural » – résultats d’un sondage

Sondage « les Français et l’espace rural » CSA /Cevipof juin-juillet 1994 : quels enseignements retenir ?

Lecture du livre : Au Bonheur des campagnes (et des provinces). Hervieu B. et Viard J. 1996. Editions de l’Aube. ISBN: 2-7526-0129-8.

 

Cet ouvrage est bâti autour d’une vaste enquête par sondage menée dans toute la France, aussi bien à la ville qu’à la campagne, en 1994. Par cette enquête, les auteurs ont cherché à comprendre comment le désir de campagne a progressivement émergé chez nos concitoyens depuis plus d’un siècle.

Un des résultats les plus marquants de cette enquête est sans doute la valeur de ‘liberté’ attachée à la campagne par près de 70% des enquêtés. Les auteurs insistent sur le fait qu’il s’agit là d’une inversion profonde des valeurs, puisqu’à la fin du XIXème siècle et au plus fort de l’exode rural, la valeur ‘liberté’ était au contraire associée à la ville, alors que les campagnes étaient vécues comme des lieux de contraintes.

Un deuxième résultat important de cette enquête est que pour 70% des enquêtés, la campagne est d’abord un paysage, avant d’être un lieu de production. Il s’agit là aussi d’une inversion drastique des valeurs et il est intéressant de noter qu’est ici à l’œuvre une appropriation collective implicite de cette campagne, puisque le ‘paysage’ appartient à tout le monde, alors qu’on conçoit très bien que ce qui est produit sur une parcelle de terre appartient seulement à celui qui a des droits sur cette terre. Les auteurs parlent ainsi de ‘publicisation des territoires’ et notent incidemment que ce phénomène est présent aussi bien en ville qu’à la campagne.

Un autre résultat fort est que les catégories socio-profesionnelles et le lieu de résidence ville / campagne ont très peu d’effet sur les opinions des enquêtés, et que ‘tout le monde pense pareil’. Par contre, les opinions diffèrent en fonction des grandes régions, avec en particulier les régions Ile de France et Méditerranée qui se distinguent toutes deux nettement (l’une par rapport à l’autre, et chacune par rapport à toutes les autres).

En fait, les enquêtés se définissent de plus en plus difficilement selon des catégories drastiques comme ‘urbain’ ou ‘rural’ mais naviguent de plus en plus entre les deux types d’espaces dans une seule semaine voir dans une seule journée. Ce phénomène de mobilité grandissant qui empêche dorénavant de faire l’adéquation territoire communal = territoire de vie des individus engendre de nombreuses interrogations chez les auteurs. Ainsi, le caractère 'nomade' de la population, navigant entre ville et campagne, permettrait de comprendre pourquoi de plus en plus de citoyens 'non-communaux'  revendiquent à tort ou à raison  un ‘droit de regard’ sur les décisions politiques prises sur des territoires n’appartenant pas à la circonscription électorale dont ils dépendent.

Ces résultats d'enquête d'opinions sont très significatifs des mutations à l'œuvre au sein de la société française et ont été corroborés depuis par d'autres enquêtes plus récentes. Ils permettent de mieux comprendre les attentes explicites ou implicites de nos concitoyens vis-à-vis de la 'campagne'.

 

Marie Baltzinger